Remo PISTRIN, né à Rivignano (Italie) dans une famille de 5 enfants, arrive en Belgique en 1946, avec ses parents ; il a 19 ans. Après son cycle d’humanités, il entre au noviciat des Pères Capucins à Mons et sera ordonné prêtre en 1963.
En octobre 1965 il s’embarque pour la mission d’OSORNO (ville importante) au Chili où le climat est rude et pluvieux.
Les déplorables conditions d’existence font que 60% de la population est touché par la tuberculose ; dans la paroisse du Père Pistrin (50.000 habitants), il n’y a pas un seul médecin.
Trois enfants sur dix meurent avant l’âge d’un an ; le domaine des gosses, c’est le dépôt d’immondices où ils disputent à des chiens ou des corbeaux un morceau de pain ou une poignée de spaghettis, verts de pourriture. Le cadre habituel de notre missionnaire, ce sont les « callampas », ces bidonvilles qui surgissent parfois en une nuit dans des terrains vagues. Ce sont ces baraquements de tôle et de planches où 8 à 10 personnes s’entassent dans 8 ou 10 mètres carrés ; en plus, ces gens, chassés des campagnes espèrent trouver à la ville un travail qu’ils n’auront jamais. mais alors, de quoi vivre ? De tout et de rien : de petits commerces ambulants, de vol, de prostitution….
Pour combattre la malnutrition, le Père Pistrin ouvre plusieurs réfectoires ; 400 enfants ont chaque jour un repas chaud.
Pour les jeunes gens, il crée des ateliers de cordonnerie, menuiserie, petits jouets.
Quant aux mères de famille, elles peuvent suivre des cours de couture et tricot pour habiller leur famille et vendre leurs réalisations.
Dans le domaine des soins de santé, le Père Pistrin a été amené à construire un dispensaire qui héberge plus de 900 malades par mois.
Au début de son séjour, Père Remo nous écrivait : « Dans quel guêpier suis-je tombé ? Il faut que je m’adapte et que, par mon travail, j’apporte une contribution positive à cette véritable négation de l’homme que constitue cet océan de misère »
Avec quels moyens organiser une vie sociale convenable ? Avec les dons reçus de différents « sponsors », notamment notre A.S.B.L., des dons d’Allemagne, d’Italie, de Hollande. Tous ces fonds mis ensemble ont permis de créer des centres socio-culturels, des écoles, une église, une polyclinique.
Problème des écoles.
Les professeurs, étant peu rémunérés, sont obligés de chercher un second travail pour la soirée ; il en résulte un enseignement de piètre qualité ; les cours étant très mal préparés et aucun matériel scolaire à leur disposition. Il existe des écoles privées où il faut payer très cher pour s’inscrire et acheter les fournitures.
Pour les pauvres, il est impossible de recevoir une bonne formation qui leur permette de trouver du travail. Résultat : les jeunes sont au chômage et n’ont rien pour vivre. Notre aide est donc très importante pour permettre la création d’écoles valables accessibles aux pauvres.
En 1977, construction d’une école gardienne pour permettre aux mères de famille de fréquenter les différents ateliers dirigés par des religieuses : couture, tissage, conseils pour la bonne marche du foyer et l’éducation des enfants.
Les lois sociales n’existent pas : ni allocations familiales, ni allocations de vieillesse, ni pensions, ni mutuelles (les soins sont payants). En fait, pour ceux qui ne travaillent pas ou ne travaillent plus, il n’y a pas de minimum vital ; pour tous ces gens, il n’y a qu’une solution : se rendre au réfectoire paroissial avec leurs enfants pour recevoir un seul repas chaud par jour.
En 1996, malheureusement, le Père Remo est rappelé en Belgique par ses supérieurs pour prendre la direction du couvent de Mons ainsi qu’une paroisse.
En 1998, il est autorisé à faire une courte visite à son ancienne mission au Chili. Voici ce qu’il en dit :
« Ma première impression est que tout me semble plus pauvre qu’avant : les rues négligées, les maisons sans peinture, le nombre incroyable de malades. On me dit que c’est la répercussion de la crise asiatique, le tout aggravé par une sécheresse persistante, alors que d’habitude le climat est très humide. Une grande misère s’est installée à tel point qu’on voit les familles entières fréquenter le ‘COMEDOR’, le réfectoire où l’on sert plusieurs centaines de repas par jour ».
En 2001, les successeurs du Père Remo ayant reçu de notre part 15.000 dollars, nous informent de leur utilisation :
- remettre à neuf la cuisine du réfectoire et acheter de nouveau matériel,
- repeindre tout le bâtiment,
- réparer quelques châssis de fenêtre,
- peindre le toit (en tôles ondulées) du centre social et l’équiper de sanitaires.
Les hivers sont de plus en plus rigoureux : des vents violents, jusqu’à faire éclater des fenêtres et des pluies diluviennes suivies de gel, endommagent toits et fenêtres.
Les besoins les plus urgents sont en permanence : nourrir et loger les gens. Faute de moyens, les réfectoires doivent parfois fermer pendant les mois d’été.
Parmi ces pauvres, certains demandent des vêtements et des médicaments .Il en est même qui demandent certains mois qu’on leur paie l’eau ou l’électricité.
Les hivers sont très froids ; pour la grande majorité des gens, ce n’est pas réjouissant, car l’habitat a très peu évolué : ce sont toujours des petites cabanes en bois, avec revêtement de carton, souvent sans chauffage, tout au plus un petit brasero ; les risques d’incendies sont nombreux.
La mondialisation influence les prix de la nourriture, des vêtements, des médicaments, etc. qui ont tendance à atteindre des prix semblables aux nôtres. De plus, la Chine devenant compétitive sur le marché mondial empêche tous les pays du Pacifique, dont le Chili, d’exporter leurs productions, d’où chômage, travail à mi-temps, rendant très difficiles les conditions de vie pour les familles. L’instruction devient inaccessible, d’où révolte des jeunes.
En 2007, Père Remo est allé revoir sa chère mission, emportant le fruit de vos dons qui servira à acheter deux nouveaux terrains, pour loger des gens qui ne cessent d’affluer, et y construire de nouveaux centres sociaux.
Malheureusement, cette année 2010, un tremblement de terre a détruit bon nombre de cabanes qui sont la plupart du temps, posées à même le sol, sans solidité. Il faudra donc reconstruire…